2010

XIXème Edition

du Festival Tricontinental MALAKI Ma KONGO à Paris ou

L’Appel de Ne Vunda

Malaki ma Kongo Paris 2010

Malaki ma Kongo Paris 2010

Le 17 avril 2010, de 11h à 22heures, s’est tenue dans la salle Olympe de Gouges, 15 rue Merlin, 75011 Paris, la 19ème Edition du festival tricontinental « Malaki Ma Kongo ». Organisé sous le double sceau des associations Malaki Ma Kongo Italie, Makitec / Editions Paari, en collaboration avec Expressions Noires et la Mairie du 11ème arrondissement de Paris, ce moment culturel inaugural s’est déroulé sous la responsabilité de Masengo Ma Mbongolo et de Mawawa Mâwa-Kiese autour des pôles suivants :

  • * Les Stands des acteurs de la diaspora Ne Kongo ;
  • * Communications sur la spiritualité Kongo ;
  • * Communications des porteurs de projets de développement;
  • * La diversité de l’expression musicale Kongo ;
  • * Le Théâtre, l’art et l’espace enfants ;
  • * La gastronomie Kongo.

La mairie du 11ème arrondissement de Paris est remerciée pour avoir mis à notre disposition la salle Olympe de Gouges qui a accueilli le festival Malaki Ma Kongo.

Pourquoi réitérer l’Appel de Ne Vunda ?

Il faut toujours puiser à travers le passé pour bâtir le futur.

En l’an 1604, le roi Kongo Ndo Luvwalu II Nzinga (Lukeni) Mpanzu IV, envoya au Pape Paul V son ambassadeur Ne Vunda comme messager de la paix et du développement, entre le royaume du Kongo et le Saint-Siège de Rome (Italie).

C’est dans cette incessante quête de recherche et de réalisation de la paix entre les peuples, que Paris ville lumière, ville capitale de la France a, le temps d’une journée, au travers de la culture des arts et des projets de développement, réitéré cet Appel de Ne Vunda. La symbolique de Ne Vunda, inhumé dans la Basilique Santa Maria Maggiore (Rome) en 1608, donc depuis 402 ans, interpelle les relations de coopération, de migration, d’échanges économiques Nord-Sud.

Comment les Africains de la diaspora, et particulièrement ceux issus de l’espace Kongo peuvent fédérer leurs activités pour impulser le développement économique au sein de leur terroir. Malaki Ma Kongo, festival de la paix, est un espace d’échanges, un moment de convivialité culturelle où à travers le dialogue, les uns et les autres trouvent les mots, les raisons d’espérer, pour converger vers un vouloir vivre ensemble. Avec la mondialisation, la société civile devient un acteur important et complémentaire aux pouvoirs publics des Etats africains. Même les pays développés ne peuvent pas donner du travail à tous leurs citoyens, à plus forte raison les pays africains.

D’où l’intérêt de comprendre l’importance de la société civile comme partenaire/porteur de projets pour le développement des communautés tant urbaines que rurales. Il est une vérité universelle, que dans tous les pays du monde, les pouvoirs étatiques ne peuvent pas à eux seuls régler tous les problèmes de développement qui se posent surtout dans les communautés rurales. A travers les fonds de souveraineté issus de l’exploitation des matières premières, les états doivent de manière objective et transparente leur venir en aide.

Or nous constatons depuis deux décennies, la perversité de la mondialisation qui est en train de consacrer le retour des compagnies concessionnaires comme au bon vieux temps des colonies. La structuration économique qui est en train de s’installer en Afrique Centrale, est celle des multinationales qui s’investissent dans l’exploitation des matières premières vouées à l’exportation, sans qu’aucune entité industrielle de transformation de base ne voit le jour localement. Cette logique économique qui a été à la base du capitalisme depuis le 15ème siècle devient absurde et inadmissible. Ce qui est plus grave, c’est la destruction de l’espace-vie des populations autochtones, par sa surexploitation désormais orientée vers des monocultures. Elles détruisent la biodiversité contenue dans le poumon droit de la planète [La forêt vierge d’Afrique Centrale. Le poumon gauche étant constitué par la forêt d’Amazonie, en Amérique Latine].

Tous ces facteurs qui induisent une déréglementation climatique dans la troposphère (Couche atmosphérique de 10 km environ entourant la terre), conduiront inexorablement à la disparition de l’espèce humaine sur terre. Les multinationales croient réaliser une simple plus-value financière, en argumentant, comme à l’époque de l’esclavage, que ce ne sont que des Nègres africains voués à la déshumanisation, par dépossession de leurs terres.

Ils oublient, que cette nouvelle phase du capitalisme, nommée mondialisation économique, en contribuant au déséquilibre écologique, est en train d’organiser le suicide de l’humanité. Il arrivera un seuil à partir duquel, lorsque les conditions physico-chimiques qui ont été à la base de l’éclosion de la vie humaine sur terre ne seront plus remplies, les tsunamis, pluies acides, tremblements de terre, éruptions volcaniques et diverses catastrophes naturelles se multiplieront. Celles-ci feront de la troposphère un espace hostile à la vie telle que nous la connaissons. La planète terre, pour sa survie comme entité du système solaire engendrera d’autres structures sur sa surface et continuera sa perpétuelle rotation autour du soleil comme le sont les sept autres planètes.

C’est pourquoi, les organisateurs de la 19ème édition du festival tricontinental Malaki Ma Kongo, ont réitéré l’Appel de Ne Vunda qui date maintenant de 402 ans. Il est réactualisé dans la recherche d’une équité, non seulement dans les relations Nord-Sud, mais aussi dans les relations Sud-Sud, ainsi qu’à l’intérieur des vastes espaces africains. Comment notre diversité culturelle peut-elle féconder les actions de développement socio-économiques dans le terroir ? Un pont culturel triangulaire sur l’Atlantique, à double sens, ne serait-il pas une bouée de sauvetage pour les populations africaines, naguère victimes du commerce triangulaire ? Les multi-culturalités africaines qui se retrouvent de part et d’autre des frontières artificielles d’après Berlin 1885, ne seraient-elles pas une chance pour créer les bases d’une dynamique panafricaine, une véritable union africaine en cette année qui célèbre le demi-siècle des indépendances ?

Photos Malaki ma Kongo à Paris 2010

 

Déroulement du Malaki Mâ Kongo le 17 avril 2010

L’équipe qui a organisé le festival était initialement composée de sept personnes. Les derniers mois, et surtout les trois dernières semaines, elle s’est vue limitée à trois personnes : Massengo, Mawawa et Jackson Babingui pour la direction de l’orchestre. Heureusement, elle a obtenu l’assistance permanente de Mademoiselle Jessica Rey pour le compte de l’association Expressions Noires, ainsi que de l’écrivain Dominique M’Fouilou.

Il y a eu par ailleurs plusieurs acteurs de la diaspora africaine, des Caraïbes, de l’Europe, et des Amériques qui ont répondu présents au festival. La salle Olympe de Gouges comptait prêt de 1000 personnes, du matin au soir, venues partager ce moment unique du Malaki Ma Kongo.

Parmi les acteurs qui ont animé le festival Malaki Ma Kongo, nous pouvons classer par rubrique, les activités et personnalités suivantes :

  • Les Stands des acteurs de la diaspora Ne Kongo
  • Les éditions de la Pan-Africaine revue de l’Innovation (Paari) ont organisé une librairie qui regroupait des ouvrages de plusieurs éditeurs. Tenue par N’Silu Mawawa, cette librairie a eu l’honneur de présenter au public l’ouvrage intitulé «Dictionnaire des Œuvres Littéraires Congolaises » de Noël Kodia Ramata, paru le 17 avril 2010 aux éditions Paari. Parmi les ouvrages figurant sur le stand, on pouvait noter certains textes fondamentaux pour la connaissance de la culture Kongo. Une liste non exhaustive :
  • Kongo, Langues et mystères, T. 1 et 2 de Nkounkou d’Oliveira, Lille, éditions NK, 2007 ;
  • Droit coutumier africain. Proverbes judiciaires Kongo, de André Ryckmans et Mwelanzambi Bakwa, Paris, l’Harmattan, 1992.
  • L’ancien royaume du Congo et les Bakongo. Ndona Béatrice et Voici les Jagas, de Raphaël Batsikama ba Mampuya ma Ndâwla, Paris, l’Harmattan, 1999.
  • Les Kongo Nord-Occidentaux, de Marcel Soret, Paris, L’Harmattan,, 2005.
  • Le chevalier de Soyo, de Côme Manckasa, Paris, Paari, 2006.
  • Actes de la Conférence Internationale sur Simon Kimbangu, Paris, Editions Eki, 2007.
  • Ethique et Politique, sous la dir. De David Mavoungui, Paris , Paari, 2004.
  • Pensées et Actions Politiques, T. 1 et 2, de Alphonse Massamba-Débat, Paris, Paari, 2009.
  • Revue Kongo Kultur, de Mawawa Mâwa-Kiese, Paris, Paari, 2009. …
  • Les Editions Paari, dirigés par Mawawa Mâwa-Kiese ont été en l’espace d’une journée le Mbongi ya Ndubukulu (Café Littéraire) qui a vu passer des auteurs tels que Liss Kiyindou, Dominique M’Fouilou, Nkounkou d’Oliveira, Anicet Kounougous, Noël Kodia Ramata, Guy Alexandre Sounda, Congo-Mbemba, et tant d’autres, dédicacer leurs ouvrages.
  • Le Stand du Conteur Gabriel Kinsa. Situé juste à l’entrée, ce stand regroupait les livres, DVD et CD du célèbre conteur Kinsa Gabriel (Congo). Conteur, griot, écrivain ya Kinsa est un puits de la culture Kongo qui a beaucoup apporté à cette journée du Malaki Mâ Kongo. Ya Kinsa participe pour le seconde fois à Malaki en France (à Berck et à Paris).
  • Le Stand du Conteur Ne Nkamu. Situé à droite de Kinsa, c’était le stand de l’association Mbongui’eto de Ne NKamu de la R.D. Congo. Il exposait presque le même type de produits à la seule différence qu’il y avait en avant poste l’image de Ne Muanda Nsemi le chef spirituel de Bundu dia Kongo, la religion Kongo. Mais il faut également noter la parution en autoédition (Editions Masamuna) du livre de Ne-Nkamu intitulé : Nzolele Na zonza Kikongo. Un formulaire de conjugaison Kikongo-Français qui a beaucoup été dédicacé.
  • Le stand d’ACAJEU Association Congolaise pour le Developpement des Jeunes dont la présidente est mama Balandamio. C’est une association créée par des jeunes pour les jeunes. Elle mérite d’être encouragée.
  • Le Stand de Rhode Makoumbou. Dans toute la largeur du hall d’exposition, au fond ainsi qu’au milieu, s’est imposée Rhode Makoumbou qui dictait la loi du plus grand et du plus fort. Des statuettes géantes, hautes de trois à quatre mètres, fabriquées de main de maître par mama Makoumbou, la jeune dame congolaise qui ne cesse d’épater le monde, livrant par ce biais, l’immensité de la créativité Kongo. Quelle créativité ! Nous connaissions le Sénégalais Ousmane Sow, mais nous ne savions pas que l’école congolaise de Peinture, n’a pas encore finie de générer ses génies qui continuent à bouleverser la perspective ainsi que la perception de la réalité humaine. Une jeune femme qui peint l’univers féminin de sa terre africaine, c’est de l’innovation. Rhode a été initiée à la peinture par son père, Peintre, David Makoumbou.
  • Le Stand de La Locomotive. De l’autre coté, il y avait la Locomotive d’Ernest Biangue avec une production de 5 DVD sur la culture congolaise. On pouvait voir affichées des photos relatives aux actions que cette association mène sur le terrain du développement durable (Agriculture, petits métiers…). Ces 4 premiers DVD ainsi que son CD, axés autour du Ngoma ya Kongo sont des outils de vulgarisation de la culture Kongo. Les activités de cette ONG sont pragmatiques au niveau du terroir. Sensibiliser la jeunesse à la créativité, avec les moyens de bord. Lutter contre l’exode rural ainsi que l’expatriation des forces vives africaines. La Locomotive se propose d’organiser la semaine Panafricaine de l’Entrepreneuriat.
  • Stand des éditions Papyrus Presse de Makisola Mawete. Sur ce stand, on pouvait voir la riche production de cet éditeur originaire de Mbanza Kongo (Angola). Ce stand était partagé avec le Groupe Kimbanguiste qui s’intéresse à l’écriture Mandombe. Gody Dia Kongo a témoigné aux visiteurs sa foi de kimbanguiste ainsi que l’écriture Mandombé, qui selon lui est une écriture révélée.
  • La Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD) était représentée par Olivier Bidounga. Elle a présenté plusieurs documents sur les droits de l’homme, et les questions de Lutte Contre l’Impunité en Afrique.
  • Le Stand de Malaki Développement, tenu par Letizia Farisato Pdte Malaki Ma Kongo Italie, venue tout droit d’Italie.

Malaki Ma Kongo : Créé en 1991 au Congo Brazzaville, Malaki Ma Kongo / Festival de la Paix, fait la promotion des racines culturelles africaines pour soutenir les actions de développement durable au Congo et enAfrique. C’est un festival « prêt à porter », présent sur trois continents, Afrique, Europe, Amérique: Congo, R.D. Congo et Bénin, Italie, France, Guadeloupe, Haïti, Saint Domingo, Guyane, Martinique, Cuba et Vénézuéla.

Objectifs : La sauvegarde de la mémoire collective Kongo ; -Entrer en communion avec nos ancêtres ; -Stimuler les réseaux de développement durable dans l’espace culturel Kongo ; -Promouvoir un Pont Culturel sur l’Atlantique (Tourisme éthique transatlantique) ; -Dire au petit fils de nos petits fils ce que les parents de nos parents ont vécu.

Le stand de Malaki-Développement a présenté des habits et articles divers made in Congo-Brazzaville. Les actions de Malaki Ma Kongo Italie se focalisent entr’autres au commerce équitable et à la promotion sociale des jeunes filles mères à Pointe-Noire. Malaki développement est partenaire de la banque éthique de la diaspora africaine. Masengo Ma Mbongolo a dédicacé son ouvrage intitulé « Le Vodou Haïtien vu avec les yeux d’un Kongo d’Afrique », Vicenza (Italie), éditions Malaki productions, 2003-2005. On pouvait aussi voir et acheter sur ce stand, le poster de Ne Vunda venu droit d’Italie. Malaki Italie a présenté trois DVD qui résument les anciennes éditions sur trois continents de Malaki Mâ Kongo. Ces DVD sont actuellement en vente dont un est axé sur le bicentenaire d’Haïti, et un autre sur Grap a Congo (Les Kongo de Guadeloupe).

Le théâtre, l’art et l’espace enfants

Les enfants étaient aussi à l’honneur. Tata Ulrich Ntoyo a animé un atelier de fabrication de marionnettes. Les enfants ont appris l’art de fabriquer les marionnettes. Ils se sont déployés dans la salle créant spontanément le théâtre de marionnettes.

Ntoyo Ulrich, est un artiste à plusieurs facettes. Sélectionné pour les sixièmes jeux de la francophonie au Liban, Ulrich N’toyo est un conteur de nationalité Congolaise, qui concilie le chant, la danse et la parole. Il raconte des histoires d’Afrique et d’ailleurs. Il dit effectuer des voyages à travers le temps et l’espace. Dans son pays (au Congo Brazzaville), N’toyo désigne un oiseau qui vient chanter dans un village pour annoncer un malheur, mais son N’toyo à lui est d’être le témoin des histoires qu’il raconte. « Je suis arrivé au conte comme on vient à la vie… un certain mois de mars 1977… »

-On a noté la prestation du trio composé de Ange Keta Nganga, Boundiafou Jean et Barnabé Matsiona. Il nous ont présenté une nouvelle version de Mami-Wata Blues, une pièce de théâtre congolaise qui raconte la vie et ses mystères en terre kongo.

– Parmi les conteurs, l’auditoire a écouté les meilleurs d’entre eux, originaires des terres Kongo, et qui résident en région parisienne. Ne Nkamu, du Centre Culturel Mbongi eto de Luozi en RDC, nous a rappelé les fondement de Makuku ma tatu ma lamba Kongo.

Gabriel Kinsa, les castagnettes à la main a redonné au public les chants des berceuses Kongo : « Yimbieee Yimbi… Ko Yimbi Yimbi ko ». Mais il faut dire aussi que c’est lui qui a ouvert la journée de Malaki Ma Kongo en lançant l’appel, comme au village, à l’aide d’une corne de biche, dès 10 heures dans la salle Olympe de Gouges, suivie d’un Co Co Ri Co, que lui seul sait imiter…

 

La gastronomie kongo

Les femmes Kongo de Martinique et du Congo-Brazzaville ont répondu à l’Appel de Ne Vunda. Elles nous ont cuisiné du bon ntoba (sakasaka) ou feuilles de manioc, accompagné de mivumba (Poissons cuits à l’étouffée) fait de ngola et de malangwa. Le makayabu (Poisson salé) grillé, les brochettes de bœuf et les beignets.

Cette cuisine Kongo d’Afrique a été honorée par Nadine et Madeleine, et à la fin il y avait rupture du stock de ntoba. Mais tous ceux qui voulaient le déguster ont eu le temps d’amuser leurs papilles. La surprise est venue des Kongo de Martinique. Elicia accompagné de son père Mathieu et de deux amis Krystel, Xavier, ont voulu humblement présenter à leurs ancêtres Kongo que de l’autre coté de l’Atlantique, les Kongo ont conservé non seulement leur art culinaire mais aussi qu’ils ont innové en l’associant aux autres valeurs culinaires amérindiennes et occidentales.

L’assistance a eu l’honneur de goutter : au Paté bœuf/poulet, à l’accras de morue, au colombo de poulet, au poisson frit (sauce chien) et acherd de légumes au riz blanc, sans oublier les gâteau coco et pâté coco, les sandwich bœuf ou poulet, les crudités, etc. Ah, le Punch coco, une véritable boisson traditionnelle. Ce mélange d’art culinaire transatlantique tant dans la forme que dans le fond a enrichi le Malaki. L’intendance de la cuisine était assurée par Kiese-Kilema Mawawa, Jessica Rey, Déborah et Laetitia Kanoukounou.

Déborah et Laetitia se sont également investies au niveau du protocole.

Conférences

Présentateur, Guy Alexandre Sounda secondé par Keta Nganga.

-Communications sur la spiritualité Kongo

Nkoukou D’Oliveira, avec une riche production livresque nous a entretenu sur le concept du Tiya (le feu) dans les religion Ngunza. Kingunza, c’est le sous-bassement principal de la spiritualité Kongo. Ngunza est un mot composé de deux phonèmes : ngu qui signifie mère ou force et nza c’est la terre.

Ngunza c’est donc ngudi ya nza, la mère de la terre ou la puissance de la terre. Comme dans toutes les religions leurs fonctions primaires sont : -utilitaire -moralisateur -dominateur -liberateur L’ensemble des religions Kongo, même celles qui se sont affiliées au judéo-christiannisme (Kimbanguisme) et aux autres modes de pensées, sont d’essence Ngunza. Le matsuanisme, le ntokoïsme, ne sont autres que des variantes du ngunzisme. Ce qui diffèrentie la religion Ngunza des religions pro occidentales, c’est l’amputation des deux dernières dynamiques « dominateur et libérateur » qui ont été remplacées par la couardise et la soumission. Devant les grands problèmes auxquels leur espace vital est soumis, ils éprouvent des difficultés d’exprimer la profondeur de leurs pensées.

Pour comprendre la pensée philosophique kongo qui est au cœur de la brève communication de Nkounkou D’Oliveira, la lecture de ces ouvrages s’impose. Ne Nkamu Luyindula est à sa seconde participation au Malaki Ma Kongo. Sa première participation remonte à la septième édition du Malaki ma Kongo en 1997 au Jardin Moto na Moto a Bonguisa de Bandal (Kinshasa). Tata Masengo s’était retrouvé à Kinshasa pour fuir les affres de la guerre de Brazzaville. Aneki Ntinu Lusaku et certains frères Ne Kongo avaient décidé que si le Malaki ma Kongo ne peut se tenir sur la rive droite du fleuve Congo, la rive gauche était prête à accueillir cet évènement. Il suffisait que Masengo Ma Mbongolo donne son accord. Ce qui fut fait et le Malaki ma Kongo réalisa le Pont culturel sur le fleuve Congo.

Ne Nkamu dans sa communication de Paris, a interrogé le public sur la langue à utiliser au Malaki ma Kongo. Ce 17 avril, à Olympe de Gouges, il en a conclu que la langue kongo et le français sont celles qui ont le plus de représentativité dans la salle. D’où son ouvrage intitulé « Nzolele na zonza kikongo » -Communications des porteurs de projets de développement Le slogan de cette édition de Malaki ma Kongo est la culture au service du développement responsable. Nous croyons que les œuvres de nos artistes sont en général l’héritage culturel d’un peuple. La destruction de nos villages par les multiples guerres de l’Angola, des deux Congo, implique la destruction de notre base primaire de ressourcement. Ce qui entraînerait sans aucun doute le tarissement de notre foyer d’inspiration.

Etant donné que la culture est la base du développement, les artistes, femmes et hommes de culture de Malaki Ma Kongo ont décidé de créer un espace de discussion, durant le festival, autour de nos problèmes de tous les jours. Il s’agit pour les originaires de l’espace kongo de se mobiliser pour des actions de développement en direction du terroir. Comme nous l’avons rappelé ci-dessus, dans tous les pays du monde, quelque soit la puissance économique des états, les pouvoirs publics ont besoin d’une société civile agissante. Et cette société civile doit être soutenue par les pouvoirs publics afin de l’aider à œuvrer, là où les moyens d’état ne peuvent pas opérer. C’est cette philosophie du Malaki qui est au cœur de l’Appel de Ne Vunda à Paris. Ainsi, pour cette journée du 17 avril, cinq organisations ont accepté de présenter leurs activités au public. ACAJEU : Mlle Balandamio et Mr. Kiala de l’ACAJEU (Association Congolaise pour l’Avenir des Jeunes), créée le 03 mars 2007, ont pris la parole en premier.

La jeune dame a présenté les objectifs de son association qui sont : -Parrainer la création (aménagement et équipement) d’un centre de lecture d’une école primaire ; -Approvisionner en livres scolaires les bibliothèques des écoles ; -Offrir le soutien scolaire aux élèves via nos partenaires locaux ; -Distribuer des manuels scolaires aux élèves (par le système d’émulation) ; -Collecter et acheminer 700 à 800 livres de la France vers le Congo ; -Développer de nouveaux partenariats. Cette association est jeune et ses actions sont concrètes sur le terrain. D’ailleurs Mama Balandamio, la présidente, part bientôt au Congo pour vérifier l’applicabilité des décisions sur le terrain. La Locomotive : Ernest Biangue a parlé de La Locomotiv. Cette association dont il est le président a pour but : – l’insertion des populations d’Afrique, notamment les jeunes et les femmes, dans un environnement de travail ; – d’encourager et de favoriser les initiatives de production à l’échelle individuelle et/ou à travers des coopératives ; – de mettre en place une organisation dynamique à l’échelle locale pour un développement durable.

Cette association se propose de créer une semaine panafricaine de l’entrepreneuriat. Elle diffuse ses activités au travers des DVD. Malaki-Développement : Représentée par la Présidente Letizia Farisato, Malaki ma Kongo Italie œuvre autour du développement durable et équitable. Cette association coordonne des actions de production sur le terrain à Pointe-Noire. Les habits fabriquées par des jeunes filles mères en réinsertion sociale sont vendus en Europe à partir de l’Italie. La plus-value, renvoyée à Pointe-Noire permet de tenir une école de formation en couture et en agriculture. Malgré la suspension des vols d’avions en Europe, à cause du nuage créé par les volcans et la grève des trains en France Letizia à tenu d’être présente au festival. Motivée par l’esprit de Ne Vunda (le voyageur qui ne recule devant rien), cette Italienne qui vit en symbiose avec la culture Kongo a été la conceptrice de la Grande Bannière de Malaki Mâ Kongo ainsi que du poster de Ne Vunda.

Malaki-Développement, l’espace de promotion social est un département de l’Association Culturelle Malaki ma Kongo qui s’occupe de la recherche d’un mode de développement durable, approprié au Congo en ces temps difficiles. Un développement auto soutenable et autocentré sur l’Homme, prenant compte du respect de l’environnement, des droits de l’homme et de la dimension culturelle dans tout projet de développement. Malaki-Développement travaille suivant la logique de la Grameen BanK qui place au centre de ces intérêts la condition humaine. Le but de l’existence de Malaki-Développement est la recherche des moyens économiques pour faire renaître la confiance, l’espoir en la vie aux Congolais et assurer la survivance des traditions ancestrales dans leurs milieux naturels : nos villages et les périphéries urbaines.

Le Centre de Formation en Couture et en Coiffure des Jeunes filles mères, et les coopératives agricoles qui sont soutenues au Congo par Malaki-Développement sont des preuves de notre action au sein du terroir. Plus nombreux nous serons, nous pourrions ainsi tous ensemble contribuer à la Renaissance africaine. Médecins d’Afrique : Banzouzi Dia Massamba, de Médecins d’Afrique nous a rappelé que les médécins africains installés en Europe ne doivent pas être oubliés dans ces moments de renouveau. ONG internationale des Médecins et Acteurs de Santé pour la Promotion des Soins de Santé Primaire. Sa devise : Santé, Humanisme et Développement. La coordination europe est dirigée par Banzouzi Dia Samba, qui dirige en même temps le Centre d’Etudes et de Recherches de Médecins d’Afrique (CERMA). Le Cerma œuvre au niveau de l’ingénierie sociale, de la recherche et développement, ainsi que des études par capitalisation de l’expérience…

Les principaux axes de travail de Médecins d’Afrique sont : Les urgences, la santé/Vih, la nutrition et l’alimentation, la protection et le développement du jeune enfant, l’eau/l’hygienne/l’environnement. L’association existe depuis 1993 et a été créée à Brazzaville. Elle est membre du réseau A3D (Association des Acteurs Africains du Développement) La banque éthique de la diaspora africaine : Cheikh Kuma, un Sénégalais résidant en Italie est venu nous parler de la création dans un proche avenir d’une banque pour l’Afrique et par les africains : La Banque Ethique de la Diaspora Africaine. Son but est de stimuler et accompagner l’éveil économique de la diaspora africaine pour le développement durable de l’Afrique. Ses objectifs sont : -Contrôler, orienter et valoriser les économies de la diaspora -Réduire le cout des transferts de fonds dans un circuit productif de micro finance de petites entreprises privées et collectives ; -Offrir des possibilités d’investissement à la diaspora africaine dans leurs pays d’origine; -Participer activement au développement durable … -Donner aux africains la possibilité de mener des activités professionnelles en relation avec leur formation académique. Cheikh Kuma a été très brillant dans son intervention.

Allocutions d’ouverture

Après la série de communications, il y a eu un intermède musical de Né Nkamu Luyindula qui a déployé ses talents de conteur Kongo, accompagné de la sanza.

Mawawa Mâwa-Kiese a prononcé un discours axé sur l’appel de Ne-Vunda pour une renaissance de la culture africaine, à travers le Mbongi ya ndubukulu (Café Littéraire).

Pour sa part Masengo Ma Mbongolo, prononçant une allocution d’ouverture du Malaki Ma Kongo a insisté sur l’essence purement culturelle et apolitique du Malaki ma Kongo.

C’est après ces deux discours que le bal musical a été ouvert sous la direction technique de Jackson Babingui qui a dirigé en moins de trois mois l’orchestre du festival.

La diversité de l’expression musicale Kongo

Le répertoire musical de Malaki ma Kongo, organisé et arrangé principalement par Babingui Jackson comptait 17 chansons, 7 grands artistes accompagnés par 8 musiciens. Parmi ces musiciens, on note : -Guitare rythmique et solo : Olivier Mahop Marchand -Guitare Basse : Harry Gofin -Batterie : Regis Samba -Percussions et saxo : Barnabé Matsiona -Clavier : Niangouna Christian -Chœurs : Lolita Bemba, Elgie Samba, Loïse Makambila.

Par ordre de passage, nous avons assisté sur scène à un concert musical de haut niveau donné par les artistes suivants avec leurs chansons respectives : Simbou Vili : -Mwinda ; -Mama Albert Kisukidi, accompagné de Gustave Bimbou : -Mono Ngiele (Les martyrs kongo), -Tu ne tueras point. Youss Banda : -Brazzaville ; -Bon Anniversaire. Lulendo M’Vulu : -Libertar ; -Duo ; -Ayaye Jackson Babingui : -Kimfunia ; -Na Bueni Dio ; -Ntima Luaka ; -Medley 242 Betty Novallis : -Dis Moninga Nzongo Soul, accompagné à la percu Kongo par Karata et Cara : -Ku Sandi Bo ; -Tchimpa Vita ; -Wala ; -Imeni Don Fadel, accompagné à la chanson par Yvon M. Mbaya et Mawawa Mâwa-Kiese : -Comité ya Bantou Hardos Massamba, accompagné à la chanson par Audrey Minzere, et Georgy Loubelo à la percussion : -Buyumba (Fustiger l’ignorance) ;-Kongo di muangane (Appel pour la paix)

Il faut noter que les chansons de A. Kisukidi et de Hardos Massamba, n’avaient pas été travaillées par l’orchestre, mais ont tout de même émerveillées la salle. Hardos Massamba a été l’invité surprise du festival et la cerise sur le gâteau. Venu récemment de Brazzaville et en tournée en France dans le cadre du Festival KA-BAA organisé part C. Diangouaya, ce griot a fait honneur à la tradition du Malaki, laquelle lui a permis de se faire connaître du public parisien. La musique a été le maillon final qui a confirmé la grandeur de Malaki ma Kongo.

Public

Le public était venu nombreux assister au Malaki Ma Kongo. La salle Olympe de Gouges a compté près de 1000 personnes du matin au soir.. Dans le public on pouvait noter la présence du doyen Maboungou-Mbimba Antoine, Noël Kodia Ramata (écrivain, critique littéraire), Liss Kiyindou (écrivaine), Eric Pantou (avocat), Marceline Fila (écrivaine), Samba Denis (psychiatre), Loko Massengo (musicien), Bedel Baouna, Cyriaque Bassoka (producteur), Dominique Mfouilou (écrivain), Mère Evé, Mboka Kiese, Paul Kounougous d’Expression Noires, Anicet Kounougous, Lacsony, Nzunga Mbadi de Radio Fréquence Pluriel, Casimir Kanoukounou, Vincent Lumwamu Ngalieme de l’Eglise Ngunza de Paris, Laurent Dzaba et Serge Moukala du site internet Zenga-Mambu, Gustave Bimbou du site internet Congopage, Malonga Bruno, Lauriate Bikouta et Didier, Mr et Mme Ange Kina, Jacques Bakoulas, Olivier Bounguisa, Simone Morano venue d’Italie, Maloumbi ma Ntombo…Que tous ceux qui ont partagé cette journée, mais dont les noms ne figurent pas ci-dessus puissent nous en excuser.

Epilogue et perspectives

Le festival Malaki Ma Kongo a été une journée unique à Paris. Le Doyen Maboungou-Mbimba Antoine est complètement ému et nous signale que « Depuis 64 ans que je vis en France, c’est la première fois que je vois un évènement pareil, organisé par les Congolais et d’une si grande envergure… »

Enfin le clou de la soirée était le vrai retour sur scène de Nzongo Soul. On ne peut pas ignorer sa contribution à la diffusion de la musique congolaise dans les années 80 auprès des chanteurs français tels que Bernard Lavilliers (La musique est un cri qui vient de l’intérieur… Na ba mboka nionso pe na bikolo nionso…). Sa symbolique du Wala players a été entonnée comme le Ngo (Panthère) qui sort de la forêt… « Ngana bubelo bue naku? …Kani, Ngana mahumbu me naku?…Kani” Yaya wala eh ya ye eh!!! Après la journée du 17 avril, il a donné son point de vue : « … On a besoin de Malaki ma Kongo aussi bien qu’on a besoin des esquimaux qui sont en train de disparaître. Malaki ma Kongo, on en a aussi besoin que les espèces animales qui sont en train de disparaître et les espèces végétales aussi. C’est un héritage culturel qui nous vient de la nuit des temps… Il appartient à l’humanité, il faut la restituer à l’humanité dans toutes ces facettes. C’est pour la première fois en France que je me sens honoré car pour une fois mes propres compatriotes m’ont amené sur scène pour donner un concert devant un public aussi diversifié… »

Les organisateurs ont été assaillis par l’ensemble du public pour que cet événement se reproduise à nouveau à Paris. Les enfants présents dans la salle ont émis le souhait d’apprendre la langue kongo, pour enrichir leur patrimoine culturel, comme nécessité dans cette mondialisation, bien que célébrant l’interpénétration culturelle, implique paradoxalement la connaissance de nos origines pour mieux dialoguer avec l’autre, les autres humains sans lesquels je ne peux assumer ma condition humaine. Au regard de cette journée du 17 avril, les organisateurs se proposent d’œuvrer pour la création d’un espace qui aura pour vocation la transmission des valeurs culturelles Kongo, du Kimuntu à l’apprentissage de la langue en passant par les actions de développement en direction du terroir.

Malaki Ma Kongo et le Congo-Brazzaville : Eclaircissements

Malaki Mâ Kongo est un festival tricontinental qui se déploie en Afrique, en Amérique et en Europe. Cette tricontinentalité résulte du fait que les populations originaires de l’ancien royaume Kongo, à cause de l’esclavage se retrouvent à Haïti, en Guadeloupe, en Martinique, …, en Amérique.

En Afrique, l’espace Kongo englobe d’immenses territoires allant du Gabon à la Namibie, en passant par le Congo-Brazzaville, la RD Congo et l’Angola. A Haïti, et plus principalement au village Makongo, dans la zone de Belle fontaine, Malaki Italie a apporté son assistance après le récent tremblement de terre. Le Fan club de Malaki Mâ Kongo en Haïti compte près de deux millions de sympathisants.

Ainsi, nous regrettons que certains compatriotes du Congo-Brazzaville confondent Malaki Ma Kongo à Malaki Ma Congo. Et ils veulent restreindre les activités de Malaki à l’unique sphère qu’ils connaissent : La Politique.

Certains vont plus loin et veulent nous encastrer dans leur « Tribalité » régressive, en nous confinant non seulement au Congo-Brazzaville, mais uniquement à la région du Pool. C’est vraiment dommage.

Où classerez-vous les artistes de la RD Congo, de l’Angola, de Guadeloupe, de France, de Martinique, de Cuba… qui ont participé activement à cette première édition parisienne de Malaki Ma Kongo ?

Le festival Malaki Ma Kongo n’est pas à confondre avec la République du Congo-Brazzaville. Nous essayons de prendre ce qu’il y a de bon dans la culture Kongo de ce pays, tout comme nous puisons aussi notre expérience au Gabon, en Martinique, en Guadeloupe, au Vénézuela, en Namibie, en France, etc.

Le champ culturel à travers lequel Malaki s’exprime doit être complètement dissocié du champ politique qui se limite généralement à un espace géographique bien déterminé. A travers cet éclaircissement, nous regrettons que certains compatriotes sous le couvert de l’anonymat ont déversé leurs insultes diffamatoires contre les organisateurs de Malaki, à travers certains sites internet.

Ces comportements déviants, dont sont responsables les propriétaires des sites internet concernés, sèment le doute sur leur crédibilité, leur éthique, et prouvent à suffisance la gravité de la régression morale dont souffre la société congolaise de Brazzaville. Les diatribes lues sur internet, ces derniers temps, à propos du festival tricontinental Malaki Ma Kongo en sont la preuve patente.

Moralité : Pouvons-nous être des donneurs de leçons crédibles, à ceux qui gouvernent nos vastes pays, si nous n’avons pas à notre propre échelle d’un simple site internet, d’une minuscule clé Usb, la capacité d’organiser et de gérer nos médias pour qu’ils soient des espaces d’éducation, d’apprentissage de la tolérance, du vouloir-vivre ensemble, et non des lieux de résurgence des haines antérieures ?

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